
Quelles sont les propriétés techniques d’un sable équestre ?
Quel sable utiliser pour une piste équestre ? Un bon sol équestre doit répondre à plusieurs exigences parfois contradictoires.
- Fermeté : le pied ne doit pas basculer latéralement ou longitudinalement.
- Amorti : l’impact du pied sur le sol doit être absorbé, sans effet « rebond ». En même temps, le sol doit restituer une partie de l’énergie transmise par le cheval (impulsion).
- Adhérence : le sol doit offrir une accroche suffisante, sans blocage ni glissement excessifs.
- Uniformité : la surface doit présenter un comportement homogène sur toute la piste.
- Perméabilité : lors d’une averse, l’eau doit pouvoir être évacuée rapidement. Le sol doit toutefois pouvoir retenir une partie de l’eau et la restituer lorsque la surface s’assèche (remontée capillaire).
Propriétés physiques, ou comment interpréter une fiche technique ?
On lit souvent qu’un bon sable équestre doit avoir une granulométrie comprise entre 0,1 mm et 0,5 mm (les valeurs varient suivant les sources). C’est globalement vrai, mais la réalité est plus complexe. Quelques notions de base :
Granulométrie et nature des grains
La granulométrie décrit la taille des grains. On l’exprime généralement en millimètre (mm) ou en micron (µm). À grands traits :
- Les sables ont des particules comprises entre 0,05 et 2 mm (50 à 2000 µm).
- En dessous de 0,05 mm, on parle de limons et, plus fin encore (≈ <2 µm), d’argiles.
- Au-dessus de 2 mm, on parle de graviers.
La forme et la nature des grains sont tout aussi importantes. On recherche une forme dite « sub-anguleuse », intermédiaire entre le grain parfaitement rond et le grain très anguleux. Les sables de rivière, fortement roulés par l’érosion, conviennent mal : les grains roulent les uns sur les autres et le sol devient instable (fuyant).
Pour une piste équestre, on utilise exclusivement des sables quartziques (SiO₂), idéalement avec une teneur en quartz d’au moins 90 % et, si possible, proche de 100 %. Une faible proportion de minéraux durs comme certains feldspaths est acceptable.
Comment mesurer la granulométrie ?
La granulométrie est mesurée à l’aide d’une succession de tamis empilés, de plus en plus fins vers le bas. Chaque tamis retient les grains plus gros que son ouverture (par exemple un tamis de 0,50 mm retiendra les grains plus grands que 0,50 mm et laissera passer les grains plus petits). En pesant la quantité restant dans chaque tamis, on établit la courbe granulométrique du sable testé.

Une courbe typique de sable équestre « idéal » montre une majorité de grains dont la taille est comprise entre 0,125 mm et 0,5 mm. La forme de la courbe renseigne sur la répartition des tailles. Cette répartition est primordiale, car elle conditionne le compromis entre capacité à se compacter / rester souple et capacité à drainer / retenir l’eau.
Autres points d’attention sur la fiche technique
- D10 : taille des grains au point où la courbe croise 10 % de passant cumulé. C’est le diamètre effectif et un bon indicateur de la perméabilité du sable. Idéalement, D10 ≈ 0,14–0,15 mm pour une piste extérieure.
- D30 : taille des grains au point où la courbe croise 30 % de passant cumulé. Combiné à D10 et D60, il permet de calculer des coefficients de forme de la courbe et de juger de la qualité de la répartition des tailles (sable plutôt « mono-grain » ou bien gradué).
- D50 : taille des grains au point où la courbe croise 50 % de passant cumulé (la médiane). Il renseigne sur la finesse globale du sable. Idéalement, D50 ≈ 0,30–0,35 mm.
- Cu (coefficient d’uniformité) : défini par Cu = D60 / D10. Il décrit l’étalement de la granulométrie. Un Cu faible (~1–2) indique un sable très uniforme (mono-grain), souvent confortable mais plus sensible au tassement et au lessivage. Un Cu modéré (≈2–4) traduit une gradation plus large, qui améliore la stabilité et la compacité sans trop nuire au drainage.
- Proportion de fines : pourcentage cumulé de particules de taille inférieure à 63 µm. Idéalement, inférieur à 4 %. Les fines apportent de la cohésion, mais en quantité trop importante elles génèrent de la poussière et nuisent fortement à la perméabilité, surtout lorsqu’une part importante est constituée de particules très fines (<2 µm, argiles).
Nous pouvons fournir des sables de provenances variées : Flandres, Fontainebleau, Beauchamps, Moha… (éventuellement mélangés), en fonction de l’utilisation, du type de piste (intérieure ou extérieure) et de votre budget et/ou localisation. Le coût du transport étant souvent supérieur au prix du sable au départ de la sablière, nous privilégions un transport par semi-remorque (≈30 t) lorsque l’accès le permet, quitte à recharger ensuite les matériaux pour les amener au plus près du chantier.
L’arrosage ou la teneur en eau
Le meilleur des sables n’offre ses propriétés de cohésion et d’amorti que lorsqu’il est correctement humide. En période sèche, l’arrosage est indispensable. Sinon, la piste devient trop profonde.
On considère généralement que la teneur en eau idéale se situe entre 6 et 10 % (teneur massique). Sur une épaisseur de 10 cm de sable de masse volumique ≈ 1,6 t/m³, cela représente entre 10 et 16 l d’eau par m². Pour amener une piste de 40 × 20 m (800 m²) constituée de 10 cm de sable sec à une teneur en eau de 8 %, il faut donc apporter environ 8 000 l.
On peut raisonner à l’inverse en partant de l’évaporation. Elle dépend de la nature du sable, de l’ensoleillement et du vent. On estime généralement une fourchette de 2 à 4 l/m²/jour, jusqu’à 6 l en cas de fortes chaleurs. En prenant une valeur moyenne de 3 l/m²/j, il faudra donc amener environ 2 400 l/jour pour une piste de 800 m².
D’autres facteurs entrent en jeu. Une piste très drainante retiendra moins d’eau et réclamera plus d’arrosage en période sèche. Une sous-couche en poussier 0/4 ou en concassé 0/32 pourra, au contraire, retenir une partie de l’eau et la restituer par capillarité, diminuant les besoins en arrosage mais au détriment du drainage en cas d’averse importante.
Encore une fois, tout est affaire de compromis. Un sable sec, aussi bon soit-il sur le papier, ne convient pas pour l’équitation.
La solution la plus aboutie pour concilier drainage, réserve d’eau et limitation de l’arrosage est le système de flux-reflux (piste en sub-irrigation).
Et les fibres dans tout ça ?
Les fibres (copeaux de géotextile ou autres) apportent de la cohésion et de la souplesse. Elles permettent de retenir un peu plus d’eau et peuvent transformer un sable imparfait (trop grossier, trop roulant ou trop profond) en une surface de travail acceptable.
Les fibres ont aussi des inconvénients : un entretien plus exigeant (hersage avec un matériel adapté), la présence de fibres dans les crottins et une évacuation plus compliquée en fin de vie du sable (traitement en centre spécialisé).
Pour une piste en usage intensif (saut, dressage, longe… avec des chevaux athlétiques), les fibres apportent néanmoins un gain indéniable en confort et en tenue du sol.
Les alternatives au sable ?
Les déchets de pneus ou d’autres produits recyclés font l’objet de beaucoup de publicité, mais la très grande majorité des pistes reste réalisée en sable. Lorsque vous possédez une piste en matériaux recyclés, vous êtes en bout de chaîne : en fin de vie, la seule solution sera une élimination en centre de recyclage, souvent à un coût élevé. Le problème est similaire pour un sable fibré.
Et sous le sable ?
La fondation doit être stable, uniforme et drainante. Elle peut aussi, dans certains conceptions, servir de réserve d’eau, mais toujours au détriment de sa perméabilité. Le choix de la structure (granulats, géotextiles, drains, éventuel système flux-reflux) est indissociable du choix du sable de surface. On est toujours face à un compromis : un piste drainante réclamera plus d’arrosage. A l’inverse, elle nécessitera moins d’arrosage, mais les fortes averses créeront des flaques. La solution définitive : les pistes flux/reflux.